La bienveillance est la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui. D’après certaines sources, Le terme trouverait son origine dans le latin benevolens qui par la suite, a donné le doublet lexical bénévolence, à l’origine du mot « bénévole ». Mais d’’après le « dictionnaire étymologique de la langue françoise »[1], bienveillance ne vient pas de benevolentia mais bien de bona vigilantia, la bonne vigilance ou le fait de bien veiller. Même racine que veille, vigie, vigilance etc. Le sens de soin attentif, d’attention soigneuse qui fait veiller (veillée des morts, veillée des gardes, des heures de nuit, etc). Cette fausse étymologie a ainsi permis un détournement du sens qui aujourd’hui est synonyme de gentillesse, alors qu’il s’agit plutôt d’exercer une bonne vigilance, d’être attentif.[2]
Attentifs, pas seulement à autrui, mais d’abord à soi. Car nous sommes marqués par un a priori négatif sur notre condition, héritage culturel et éducatif influencé entre autres en Occident par le concept du « péché originel » tel qu’interprété par St-Augustin, mais aussi les Réformateurs, comme le rappelle la théologienne Lytta Basset dans son livre « Oser la bienveillance »[3].
C’est pourquoi nous avons besoin de recourir à un contre-poison ! Et pour ma part je considère qu’il se trouve dans l’ouverture que crée l’espérance dans l’horizon bouché de notre sentiment de culpabilité.
L’espérance nous atteste qu’il y a un avenir. Qu’il est possible d’échapper au destin, que devant nous est une ouverte une carrière de vie, et que la Vie a triomphé de la mort, que l’être humain le plus mauvais, le plus perdu n’est pas perdu, que rien n’est finalement joué d’avance… La liberté nous engage à créer une histoire qui en soit une, c’est-à-dire choisie, voulue, construite, au lieu d’être un laisser-aller aux conditionnements sociologiques ou aux déterminations individuelles.[4]
C’est lorsque, grâce à un regard bienveillant sur nous-mêmes, nous parvenons à devenir ce que nous sommes véritablement, sans chercher à comptabiliser nos mérites ou à nous comparer aux réussites des autres. Nous pouvons aussi devenir et demeurer des bien-veilleurs, soucieux d’amour et de justice, porteurs et porteuses d’espérance aux côtés des autres.
Cette bonne vigilance s’applique aux divers domaines de l’existence, individuelle et collective. Dans nos relations à nous-même, aux autres, à la nature, au fonctionnement de nos cités et de nos économies. Elle est parfois difficile à gérer de manière solitaire, mais ensemble nous pouvons agir et être encouragés dans nos engagements, même lorsque nous nous heurtons à des difficultés dans un monde où la mal-veillance est trop répandue.
« Soyons clairs », écrit Philippe Roch, « une attitude de bienveillance n’implique aucunement une posture naïve, voire lâche, vis-à-vis des difficultés du monde. L’indignation, la parole et l’action pour lutter contre les injustices et les violences faites aux personnes et à la Nature sont justes et nécessaires. Mais il convient d’éviter la haine, qui est destructrice, et d’agir avec fermeté, dans un esprit de paix et de bieveillance ».[5]
[1] par B. de Roquefort (1829)
[2] https://fr.wiktionary.org/wiki/bienveillance
[3] Albin Michel, 2018
[4] in Jacques Ellul, Ethique de la liberté, p.
[5] In Nature mystique : la voie de l’écologie spirituelle, JouVence 2023, p. 82