La musique gospel adoucit les mœurs 05/28/2010

700 choriste, dont 250 enfants participent samedi et dimanche au 7ème festival Gospel Air à Carouge. Ils se produisent pendant toute la journée de samedi sur les places de la Cité sarde et à la Salle des Fêtes. Venez nombreux profiter de cette animation musicale.

Les murs tomberont

« Comme dans toute grande poésie, le sujet traité dans les spirituals est finalement celui des servitudes et des espoirs des humains. Nous sommes tous esclaves, et nous mourrons tous. Nous aspirons tous aussi, chacun à sa manière, à un royaume où règne la paix. C’est parce qu’il touche à ces thèmes universels que le Negro Spiritual a sa place parmi les grands témoignages humains »

(Marguerite Yourcenar, « Fleuve profond, sombre rivière », Gallimard 1966)

Pendant de nombreux mois le Comité d’organisation a préparé, en collaboration avec l’Association romande Gospel Air et la Ville de Carouge, ce 7ème festival romand. Nous sommes heureux de pouvoir accueillir pour la première fois dans le Canton de Genève, et plus particulièrement dans cette Cité sarde, les nombreux chœurs qui viennent Les spirituals et les gospels nous touchent à la fois par leurs rythmes et par leur message d’espoir et de liberté. Ils puisent dans les traditions musicales et la spiritualité des communautés afro-américaines et ont accompagné à la fois la lutte pour l’abolition de l’esclavage au 19ème siècle et le combat pour la reconnaissance des droits civiques tout au long du 20ème siècle. Ces chants nous rappellent que la force d’aimer et de résister n’est pas seulement nourrie par de grands discours ou des actes héroïques, mais aussi, pour le commun des mortels, par des musiques et des paroles simples enracinées dans le cœur et dans l’âme.

Aujourd’hui encore il y a diverses formes d’esclavage de femmes, d’hommes et d’enfants, indignes d’un monde qui a souscrit il y a plus de 60 ans à la Déclaration des droits de l’Homme. Les murs matériels ou spirituels trop nombreux qui séparent des peuples ou les empêchent de vivre ensemble mettent à mal la coexistence pacifique de notre humanité.

Ces murs pourraient tomber, comme le chantait magnifiquement Mahalia Jackson qui, avec quelques autres, a contribué a faire connaître cette musique dans le monde entier dès les années 1940. Lorsqu’elle interprétait de sa voix profonde l’histoire de Jéricho dont les murailles se sont écroulées lorsque Josué et le peuple des Hébreux en ont fait le tour, elle rappelait cette vérité. Peu importe que le récit soit historique ou non, ce qui compte, aujourd’hui comme hier, c’est cette conviction qu’aucun mur de séparation ne peut tenir indéfiniment debout, que la vie est, parfois malgré les apparences, plus forte que les forces de destruction, d’exclusion et de mort.

Maurice Gardiol, Président du Comité d’organisation