De la prière aux actes!

La semaine de prière pour l’unité des chrétiennes et des chrétiens vient de s’achever. C’est l’une des quelques rares  parenthèses œcuméniques annuelles qui permettent de se rassembler pour célébrer ensemble avec plus ou moins d’hospitalité, eucharistiquement parlant. Je me demande cependant s’il n’est pas temps de cesser de prier pour l’unité et de participer réellement à l’exaucement d’une demande qui sinon risque de rester un vœu pieux !

Je le sais, il existe déjà des réalisations œcuméniques significatives dans notre région. L’Atelier œcuménique de théologie qui fête ses 50 ans en est un. Il y a aussi le Centre œcuménique de catéchèse, l’aumônerie auprès des réfugiés et à l’aéroport (AGORA), celle auprès des personnes détenues ou des personnes en situation de handicap. Il y a aussi des collaborations œcuméniques, et même parfois interreligieuses, proches et régulières dans d’autres lieux, les hôpitaux et les EMS par exemple. Il existe même des communautés de base ou des groupes de maison qui résistent en libérant la parole et en offrant des célébrations communes en marge des institutions.

Mais pour ce qui est de la vie dans nos paroisses, nous restons plutôt chacune et chacun chez soi. Alors même qu’il n’y a plus qu’un seul baptême, nous restons à distance le plus clair de l’année. Alors même que l’urgence de témoigner d’un amour inconditionnel dans ce monde balafré est une priorité, nous nous lamentons de part et d’autre de la diminution de nos ressources. N’est-il pas temps d’être beaucoup plus ensemble, de rassembler nos moyens, nos énergies et nos visions ? Mais aussi d’être soutenus dans nos engagements par des célébrations débarrassées de dogmes incompréhensibles qui maintiennent des barrières entre nous et nous empêchent de partager le pain et la coupe qui nous sont offerts par Celui que nous reconnaissons toutes et tous comme notre Hôte ?

Pourrions-nous donc enlever les parenthèses pour prendre courageusement la voie d’un pèlerinage commun, en commençant peut-être par des célébrations œcuméniques mensuelles et le rétablissement d’une pleine hospitalité ? N’est-ce pas là le signe que notre monde attend ? N’est-ce pas le seule moyen d’éviter qu’à un moment ou à un autre nos divisions puissent être instrumentalisées dans des conflits qui nous dépassent et font tant de victimes ?

Les paroles du prophète Esaïe proposées lors de cette semaine de prière pour l’unité devraient nous secouer à salut : Je n’ai rien à faire de vos nombreux sacrifices, déclare le Seigneur… Quand vous étendez les mains pour prier, je me bouche les yeux pour ne pas voir. Vous avez beau faire prière sur prière, je refuse d’écouter, car vos mains sont couvertes de sang.

Il nous faut aujourd’hui passer aux actes, au risque de déranger certaines et certains dans nos institutions. C’est ma profonde conviction. Quelles communautés prophétiques se lèveront pour relever le défi ?