Préparer ses funérailles: pas une si bonne idée ! 12/01/2014

Dans son édition du 27 novembre, la Tribune de Genève a fait paraître un article indiquant de plus en plus de personnes préparent leurs funérailles de leur vivant. Il arrive même que certaines laissent des consignes très précises sur un site internet.

Ce qui m’interpelle, c’est qu’il semble que la raison invoquée pour justifier cette pratique soit celle de décharger ses proches. Pour ma part j’ai pu constater au contraire que cette manière de verrouiller ses dernières volontés embarrassait plus qu’elle ne soulageait. Pour diverses raisons probablement, mais surtout parce qu’à mon avis un service funèbre est l’affaire des vivants et non pas de la personnes décédée !

Préparer ce moment, qu’elle que soit sa forme, fait partie pour la famille et les proches du processus du deuil. Etre privé de cette opportunité à cause d’un cadre trop rigide fixé par une personne qui n’est plus là pour en parler peut susciter beaucoup d’insatisfactions et de frustrations. Je me demande donc si cette volonté de tout maîtriser, y compris ses funérailles, ne conduit pas à des abus de pouvoir finalement dommageables pour les survivants.

N’est-ce pas aussi une manière d’éviter de parler de sa mort de son vivant avec celles et ceux qu’on aime par crainte de déranger, de se confronter à une réalité difficile, de partager des émotions ? Dans un tel échange il serait pourtant possible de partager sur les désirs et les besoins des uns et des autres, d’en tenir compte et de se faire ensuite confiance sans forcément chercher à prévoir un ordonnancement rigide ne tenant absolument pas compte de la situation et des circonstances au moment venu.

La mort n’est pas une affaire privée. Elle touche de diverses manières toutes celles et tous ceux avec qui j’ai cheminé. Ils ont donc leur mot à dire, ils doivent avoir la possibilité de se recueillir et de faire mémoire en tant compte de leur propre sensibilité, de leur spiritualité et de leurs émotions. C’est la raison pour laquelle je suis aussi assez réservé, sauf dans des situations très particulières, sur les cérémonies dans l’intimité de la famille. Les amis d’un défunt, ses collègues ou ses voisins, ont aussi le droit de pouvoir partager ce moment de l’adieu. Les priver de cette possibilité consiste à ignorer les liens tissés tout au long d’une vie et ce qui justement fait la grandeur et la dignité de nos existences.

Pour en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie à l’ouvrage : « Souviens-toi de vivre, faire face à sa mortalité » que j’ai écrit il y a quelques années avec trois autres amis. Il est téléchargeable sur le site www.savourerlavie.org