Plaidoyer pour l’angélisme ! 04/06/2015

Il arrive bien souvent que lorsque des personnes mènent une action pour défendre des sans-travail ou des sans-logis dépossédés d’un minimum vital, des requérants d’asile déboutés, des Roms rabroués, bien des politiciens sérieux et consciencieux qualifient leurs action d’ « angélisme ». Du point de vue qui est le leur, je peux les comprendre. Ils se doivent de faire preuve de réalisme, de tenir compte des lois et de la majorité de l’opinion publique qui soutient leur détermination. J’aimerais pourtant, en ce lendemain de Pâques, faire un plaidoyer pour l’angélisme.

Dans le récit de la résurrection rapporté par l’Evangile de Matthieu, un ange se trouve assis sur la pierre roulée qui auparavant fermait le tombeau. Comme si cet ange permettait d’éviter que la pierre vienne refermer cette ouverture et écraser l’espérance d’une réalité nouvelle née à l’aube de ce matin-là.

Non pas que cette réalité autre, que Jésus évoquait aussi en parlant du « Règne de Dieu », vienne bouleverser ou transformer du jour au lendemain le quotidien. Elle vient toutefois déranger notre tranquillité et nos certitudes, nous interpeller pour ne pas toujours nous satisfaire d’un légalisme qui ne tient pas compte de ce que peuvent vivre les victimes de violences, d’injustices et de toutes sortes de misères trop souvent induites par des recherches de profits des plus forts et des plus riches que nous sommes. Une autre réalité qui trouve un écho jusque dans le préambule de notre Constitution fédérale : « …sachant que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres… »

L’angélisme ne pourrait-il donc pas nous permettre de retrouver de temps à autre un peu d’humanité dans la froideur de nos raisonnements et de nos décisions ? Nous pouvons bien taxer d’angélisme ou de rêveries Saint-François d’Assise et Sainte Catherine de Sienne, Mère Teresa ou Martin Luther King, le Dalaï Lama ou Florence Nightingale, et bien d’autres encore, connus et anonymes d’hier et d’aujourd’hui, de toutes fois ou convictions, il n’empêche que les uns et les autres ont résisté face à de dures réalités pour tenter d’y mettre un peu de lumière, de tendresse et de dignité. Et nous ne pouvons que leur en être reconnaissants.

Comme le disait Georges Haldas dans une interview parue en 2002 : « Cette vie de résurrection telle qu’elle est ouverte par le Christ, commande une manière d’être qui se prépare maintenant en choisissant de vivre une vie de relations marquées par l’anti-puissance, par l’anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui. » Encore une vision angélique qui peut non seulement inspirer notre action mais aussi s’opposer aux terroristes fondamentalistes qui instrumentalisent les désespoirs et les religions pour creuser des fosses communes.