L’Esprit de Genève: un rapt inacceptable ! 06/12/2012

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir sur l’affiche d’un des candidats à la prochaine élection complémentaire au Conseil d’Etat qu’il se revendique comme porteur à lui seul de l’Esprit de Genève !

Cela m’apparaît comme un rapt inacceptable. Il convient de rappeler que l’expression en question est due à l’écrivain Robert de Traz (1884-1951), ardent défenseur de l’héritage spirituel et humaniste de Genève, de sa vocation humanitaire et de son rôle international. Les apports de Calvin, de Rousseau, de Dunant, des pédagogues et des scientifiques qui ont fait rayonner son université, sont constitutifs de cet Esprit particulier. Mais plus encore, de Traz parle de Genève en tant que cité d’immigration et de refuge qui doit à ceux du dehors la plupart de ses qualités ! « Parce que dans cet espace si resserré, dans ce creuset minuscule mais souverain, les dialogues de tant d’espèces différentes ont été malaxés ensemble, parce que tant d’idées ont été exprimées, accueillies, débattues, parce que tant de gens ont accouru ici et tant d’autres se sont enfuis […], on peut le dire: Genève est une ville où nul homme n’est étranger ». Il rattache enfin  » l’esprit de Genève  » à la tradition des moralistes français et à l’humanisme chrétien, centré sur la valeur première de la personne humaine.

Ceci suffit pour affirmer que nul ne peut incarner à lui seul de l’Esprit de Genève. C’est un héritage et une construction communautaires dont personne n’a le monopole. Par ailleurs je ne suis pas certain que les idées politiques du candidat en question soient tant soit peu compatibles avec l’Esprit de Genève dont parlait Robert de Traz !