60 jeunes à ne pas abandonner au bord du chemin!

Ils s’appellent Habteab, Ismail, Mebrahtu, Alimou, Samson, Muhamad, Abel, Mamadou et d’autres encore dont les noms évoquent leurs pays d’origine : l’Erytrée, l’Irak, l’Iran, la Syrie, l’Afghanistan, le Pakistan, etc. Des pays en guerre, des pays où règne la discrimination et où les jeunes n’ont pas d’avenir. Ils ont fait de longues marches périlleuses pour parvenir jusqu’ici. Ils sont à Genève depuis plusieurs années, 36 d’entre eux depuis 5 ans et plus.

Ils ont été « déboutés du droit d’asile », même si la plupart d’entre eux ne peuvent être renvoyés dans leur pays. Ils sont réduits à l’aide d’urgence et surtout on leur interdit de poursuivre leur formation professionnelle et de travailler. C’est un programme de « désintégration » qui condamne ces jeunes à l’assistance ou à l’errance avec tous les risques que cela comporte.

Un vrai scandale dans un pays comme la Suisse. Une honte pour une cité comme Genève qui se veut capitale du droit humanitaire. Notre constitution affirme l’inviolabilité de la dignité humaine, elle proclame le droit à la formation et à la formation continue pour toutes et tous, elle interdit les discriminations en fonction des statuts et des origines. Elle a même introduit la formation obligatoire jusqu’à l’âge de la majorité au moins (art. 194). Ces jeunes ont entre 18 et 25 ans et ils pourraient continuer à être mis au bénéfice de cet article. C’est un véritable gâchis que de les en priver, c’est même une perte pour notre économie et nos industries. SI pour quelques uns le renvoi est exécutable, il faudrait au moins leur permettre de terminer les formations commencées pour qu’ils aient l’espoir de trouver une issue chez eux et ne soient pas contraints à un nouvel exil pour fuir la misère.

Il y a deux ans le Grand Conseil genevois avait pourtant adopté deux motions et une pétition visant à faciliter la formation, l’insertion professionnelle et l’accès à un statut pour les personnes dont le renvoi n’est pas réalisable. Comment se fait-il qu’à ce jour des services de l’Etat et le Conseil d’Etat n’aient pas tout entrepris pour mettre en œuvre ces décisions ? Dans toute ma « carrière » d’aumônier auprès des réfugiés ou de responsable associatif dans les domaines de l’asile et de la migration, j’ai connu des autorités de tous bords politiques plus entreprenantes et plus courageuses pour résoudre des situations telles que celles-ci. La situation de ces jeunes est remarquablement documentée par un rapport qui vient de paraître de la Coordination asile Genève en collaboration avec l’observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE) : https://coordination-asile-ge.ch/actualites/

Avec d’autres citoyennes et citoyens genevois, je lance cet appel au Conseil d’Etat : Pour l’honneur de notre Cité, n’abandonnez pas ces jeunes au bord du chemin. C’est urgent !