Il y a juste 50 ans, le 28 août 1963, Martin Luther King et ses amis participaient à la marche sur Washington. Devant une foule de 200’000 personnes il prononça son discours devenu célèbre «I have a dream !» qui sera probablement abondamment repris dans les media ces prochains jours. Un rêve qui illustrait son combat pour la reconnaissance des droits civiques des noirs américains sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis. Ce jour-là il y avait déjà dans la foule des noirs et des blancs, des chrétiens, des musulmans, des croyants reliés à d’autres communautés religieuses et des non-croyants. Une manière de démontrer que ce rêve commençait à s’inscrire dans la réalité.
Le pasteur Martin Luther King puisait dans sa foi et dans sa spiritualité la source de son engagement. Non pas comme les intégristes et les fanatiques de tous bords pour imposer à tous un credo ou une prétendue loi divine. Mais parce que dans sa compréhension du message évangélique il percevait un appel à la liberté et à la dignité de tous les êtres humain qu’elles que soient leurs origines et leurs convictions.
Il ne prétendait pas avoir le monopole de ce combat et il n’hésitait pas à s’allier avec toutes celles et tous ceux qui luttaient pour cette même cause, refusant ainsi de se résigner au statu quo discriminatoire ou de sombrer dans le fatalisme.
Une année plus tard, lors de la réception du prix Nobel de la Paix à Oslo, son rêve se traduisait dans une confession de foi dont voici un extrait :
Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle,
j’affirme avec audace ma foi en l’avenir de l’humanité.
Je refuse de croire que les circonstances actuelles
rendent les hommes et les femmes incapables de faire une terre meilleure.
Je refuse de croire que l’être humain n’est qu’un fétu de paille
ballotté par le courant de la vie, sans avoir la possibilité
d’influencer en quoi que ce soit le cours des événements.
Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent
que nous sommes à ce point captifs de la nuit sans étoiles,
du racisme et de la guerre
que l’aurore claire de la paix et de la fraternité
ne pourra jamais devenir une réalité.
Son combat non-violent a été porté par cette espérance jusqu’au jour de son assassinat à Memphis au printemps 1968. Cette même espérance en a inspiré tant d’autres qu’il vaut la peine de redire aujourd’hui comme hier : « We shall overcome » (Nous l’emporterons !). C’est ce que chantaient aussi ce 28 août 1963 devant le monument Lincoln de Washington Joan Baez et Bob Dylan.