
Je profite de ce samedi après-midi grisâtre et froid pour écouter le magnifique disque enregistré par Emiliano Gonzalez, Mathilde Etienne, et quelques autres excellents musiciens et chanteurs de leurs amis pour le spectacle Te recuerdo qui a été présenté il y a quelques jours au Forum Meyrin. Quels beaux arrangements et quelle belle interprétation de ces chants de Victor Jara cruellement torturé et assassiné par les troupes de Pinochet en 1973!
Et je lis en les écoutant l’essai de Marion Muller-Colard « Le complexe d’Elie, politique et spiritualité » (Éditions Labor et Fides)l. Une citation de l’auteure retient mon attention et fait écho à cette musique:
« … au fond de moi une évidence: on pourra bien se poser des questions de territoire et de propriété, de privé et de public, on pourra avoir un chez-soi et le courage de le quitter, la frontière ne sera jamais si hermétique qu’elle n’y paraît. En vérité, je me sens chez moi partout où un chez nous est possible… (p. 35)
Une enfant d’Alep disait hier soir en pleurs devant sa maison détruite par les bombes: « Qu’est-ce que je vous ai fait? ». Cette vérité du « chez nous » ne nous permettrait-elle pas d’avoir un autre regard sur nos vies et nos engagements? Ne vous amènerait-elle pas à vivre de nouvelles solidarités avec les réfugiés qui n’ont plus de chez soi à cause des marchands de guerre?