Après consultation entre eux, quelques membres de l’Appel spirituel de Genève ou de la Plateforme interreligieuse de Genève se sont mis d’accord sur un Appel à la paix que vous trouverez ci-dessous et qui se trouve également sur la page d’accueil du site www.interreligieux.ch. Il ne s’agit pas d’une déclaration politique mais d’un message spirituel qui souhaite prendre en compte les souffrances provoquées par l’usage de la force aveugle des armes et qui demande que tout soit fait pour prendre enfin le chemin d’une paix équitable et durable dans cette région en particulier.
Texte de l’Appel pour la paix au Proche-Orient
Les soussignés, membres de l’Appel spirituel de Genève ou de la Plateforme interreligieuse de Genève, tiennent à exprimer leur compassion pour les souffrances vécues par tant de personnes, y compris de nombreux enfants, de part et d’autre dans le conflit qui oppose actuellement les autorités de l’État d’Israël et celles de la Bande de Gaza.
Ils tiennent, en ces circonstances, à rappeler les principes retenus par l’Appel spirituel de Genève :
- Ne pas invoquer une force religieuse ou spirituelle pour justifier la violence, quelle qu’elle soit;
- Ne pas se référer à une force religieuse ou spirituelle pour justifier toute discrimination et exclusion;
- Ne pas user de sa force, de sa capacité intellectuelle ou spirituelle, de sa richesse ou de son statut social, pour exploiter ou dominer l’autre.
Ils réaffirment que la violence des armes, des agressions, des invectives et du rejet de l’autre, dans cette situation au Proche-Orient comme ailleurs sur la planète, ne fait qu’ajouter violence et malheur, multiplient les victimes et prennent des peuples en otage. Encourager et multiplier ainsi peurs et sentiments de haine et d’injustice ne fait que rendre encore plus difficiles les recherches de solutions équitables et pacifiques et nie la part d’humanité qui nous habite toutes et tous.
Ils invitent en conséquence tous les acteurs concernés à mener, avec l’aide de médiateurs compétents et neutres, des négociations permettant la résolution durable des sources des conflits en cours, et à refuser de laisser se dégrader une situation qui ne fait que des perdants et n’engendre que deuils et tourments.
Ils encouragent les diverses communautés civiles, religieuses et spirituelles concernées à s’engager et à prier pour la paix, la justice et la réconciliation.
Signataires (seules les appartenances et qualités des membres des Comités de la Platerforme interreligieuse et de l’Appel spirituel de Genève sont mentionnées)
- Ariane Hentsch Cisneros, Genève, présidente de la Plateforme interreligieuse de Genève (PFIR)
- William McComish, Genève, président de l’Appel spirituel de Genève (AASG)
- Hafid Ouardiri, Genève, Fondation de l’Entre-connaissance, vice président de la PFIR, membre du Comité de l’AASG
- Eric Ackermann, Genève, membre de la Communauté israélite de Genève, président de la PFIR dès le 1.9.2014
- Cornelio Sommaruga, Genève, membre du Comité de l’AASG
- François Garaï, Genève, délégué de la communauté israëlite libérale à la PFIR, membre du Comité de l’AASG
- Maurice Gardiol, Genève, membre du Comité et du Bureau de la PFIR
- Vahid Khoshideh, Genève, membre de l’Association islamique et culturelle Al-el-Bayt et du Comité de la PFIR
- Nemat Mardam-Bey, Genève, Fondation de l’Entre-connaissance
- Henri Maudet, Genève, membre de l’Eglise protestante de Genève (EPG), du Comité et du Bureau de la PFIR
- Edouard Dommen, Genève, Quakers, membre du Comité de la PFIR
- Marguerite Contat, Genève, membre du Comité de la PFIR
- Bhante Dhammika Tawalama, Genève, membre du Centre bouddhiste international et du Comité de la PFIR
- Mehdi Tonnerieux, Genève, membre de la Fondation culturelle islamique et du Comité de la PFIR
- Philippe Leu, Genève, membre de l’EPG et du Comité de la PFIR
- Thierry Schelling, Renens, membre de l’Eglise catholique romaine de Genève (ECR) et du Comité de la PFIR
- Danièle Bianchi, Genève, membre de la communauté Bahaï et du Comité de l’AASG
- Michel Veuthey, Genève, membre du Comité de l’AASG
- Steve Bernard, Genève, membre du Comité de l’AASG
La liste complète des signataires se trouve ici: http://www.interreligieux.ch/declaration
Le respect des minorités en péril 07/30/2014
Dans le préambule de la nouvelle constitution genevoise, il est affirmé que nous souhaitons un État « fondé sur les décisions de la majorité et le respect des minorités ». A voir les évènements tragiques qui se déroulent sous nos yeux dans le monde, je pense que les constituants dont j’étais auraient dû mettre le respect des minorités comme condition première.
Il est en effet facile aux majorités d’imposer leurs choix et leurs lois. Mais si nous voulons que cela ne se fasse pas au détriment de la paix sociale et ne débouche pas sur des discriminations sources d’injustices et d’exclusions, ces majorités doivent absolument s’engager à reconnaître les minorités, respecter leurs libertés fondamentales en matière d’expression, de croyance ou de religion. Elles doivent faire preuve de leurs responsabilités en garantissant, sans aucun compromis, la dignité humaine de chaque personne, qu’elle que soit son origine, son statut ou sa condition.
Ce qui complique les choses c’est qu’il y a me semble-t-il des majorités de droit, démocratiquement élues, et des majorités de fait qui s’imposent par la force et la violence. On attribue parfois les causes de l’émergence de ces mouvements intégristes à des injustices préalablement commises par les pouvoirs en place. Certes, mais ceci n’excuse en rien les abus de ces fanatiques envers d’autres minorités qui ne partagent pas leurs convictions politiques ou religieuses et qui le plus souvent exploitent la misère des gens pour parvenir à leurs fins.
La laïcité de l’État devrait permettre de garantir les libertés religieuses. Mais ce n’est pas une panacée universelle, d’autant plus que des discours à caractère religieux sont le plus souvent détournés par des potentats avides de pouvoir qui en réalité n’ont rien à faire du message essentiel des religions. Ce que le récent Appel pour la paix au Proche-Orient lancé par la Plateforme interreligieuse de Genève et l’Association de l’Appel spirituel de Genève, signé par maintenant une centaine de personnes de diverses sensibilités et convictions, réaffirme avec force.
Si cet appel a été lancé il y a quelques semaines en lien avec le conflit actuel dans la Bande de Gaza, il concerne toutes les situations dans lesquelles cette même argumentation est utilisée pour justifier l’injustifiable. Trop de personnes et de populations sont victimes de cette volonté d’exclure des minorités qui pensent ou agissent autrement tout en respectant le droit. C’est le cas actuellement des Chrétiens en Orient (à Mossoul ou ailleurs), de musulmans sunnites dans certaines régions, de chiites, de bahaïs ou de bouddhistes dans d’autres, des jeunes-filles du Nigéria qui souhaitent pouvoir s’instruire, de Somaliens qui tentent de reconstruire leur état, etc. La liste serait hélas trop longue pour que je puisse en établir une qui serait exhaustive.
Pour en revenir à mon propos initial, il me semble que tous Les fanatismes religieux et politiques trouvent leur origine dans une forme de rejet des minorités accompagnés par des lectures fondamentalistes de textes religieux ou des discours populistes d’une réalité socio-politique. Il importe de résister de manière non-violente mais ferme à toutes ces dérives, y compris dans nos pays démocratiques et même dans leurs expressions « politiquement correctes » car elles portent en germe les pires maux pour l’avenir de notre humanité. La meilleure arme pour les combattre reste la formation, la justice sociale et l’égalité des chances, l’apprentissage au respect des personnes et des cultures. Il faut savoir y mettre les moyens dans nos politiques et soutenir les organismes et les associations qui œuvrent dans ce sens.